À partir des mouvements primaux et le Yoga, nous avons préparé le corps et l’esprit pour la Voie Nord, celle qui mène à rebours aux contrées où le Soleil est invaincu
. Les Runes ne sont qu’une étape pour se relier aux puissantes énergies de la Tradition Polaire. Même le yoga moderne de Krishnamacharya nous ramène encore vers des énergies nordiques, dans une autre récurrence des relations plurimillénaires entre l’Inde et les terres boréales. La quête de la Voie Nord
ne fait que commencer.
Le fil d'Ariane mène vers le Pôle
L’origine des écrits védiques, à la base de l’hindouisme et ensuite du yoga traditionnel n’est pas bien connue. Pour les hindous, les Védas existent depuis toujours. Deux personnages célèbres de la fin du XIXème siècle, et érudits dans leur domaine, ont proposé indépendamment une hypothèse intéressante car elle est fondée sur des observations astronomiques et une étude comparée des civilisations. [0:1]
Rig-Veda
Pour l’indologue et astronome allemand Hermann G. Jacobi (1850-1937), les hymnes du Le Rig-Veda, les plus vieux textes écrits en sanskrit, dateraient du cinquième millénaire avant notre ère, une origine qu’il détermine grâce à des calculs astronomiques de configurations célestes citées dans les Védas. La proposition de Jacobi soulève alors une controverse majeure dans le monde des indologues et historiens.
Indépendamment, l’enseignant et activiste politique indien Lokamānya Bāl Gangādhar Tilak, à la fois proche du yogi Swami Vivekananda et de Gandhi, arrive aux mêmes conclusions qu’Hermann Jacobi en s’appuyant aussi sur le mouvement du Soleil décrite dans les Védas. Tilak précise aussi que la langue du Rig-Veda est très élaborée, ce qui correspond à une civilisation déjà avancée.
Migrations climatiques
Pour Hermann Jacobi et Bāl Gangādhar Tilak, les Védas auraient donc été composés hors de l'Inde dans la région arctique durant une période interglaciaire par un peuple appelé Aryā
en sanskrit. Une nouvelle période de glaciation aurait provoqué plusieurs vagues de migrations de ces Aryās (appelés plus tard Indo-Irano-Européens) vers le sud, vers l’Inde et l’Iran actuel, et vers l’Europe continentale et occidentale. [0:2]
Les textes sacrés de l’Avesta des iraniens anciens mentionnent aussi un paradis dans lequel le Soleil ne brille qu’une fois par an
appelé Airiiana Vaējah. Celui-ci fut détruit par la neige et la glace obligeant ses habitants à migrer vers le sud.
Pour les tenants de la Tradition Polaire, l’origine de la civilisation indo-irano-européenne serait donc à rechercher vers le Nord, plus précisément dans la zone arctique, sans doute dans des régions qui ont été transformées par les changements climatiques intenses survenus depuis plus de 10 000 ans.
Hyperborée
Les auteurs classiques greco-latins parlent eux aussi d'une civilisation polaire mythique. Pour les Anciens, les Hyperboréens étaient un peuple résidant aux confins septentrionaux du Monde avec un seul jour qui pouvait durer six mois. Dans cette Hyperborée, le dieu solaire Apollon passait ses hivers et sa mère Leto en était elle-même originaire. Pour les Grecs de l'Antiquité, l'Hyperborée était la terre originelle d'Apollon et celle d'un peuple supérieur
, lié spirituellement au Soleil.
Chamans hyperboréens
Dans Les Lois, Platon décrit l'ascèse du mage Épiménide de Crète en des termes qui rappelle les pratiques spirituelles yogiques. Dans ses prodiges, Épiménide est toujours associé à un autre chaman
, appelé Abaris l'Hyperboréen. L'historien latin Pline l'Ancien décrit cette terre boréale des Bienheureux.
Les Hyperboréens sont toujours associés au bien-être, à la magie, à des pouvoirs surnaturels, à une vie longue à la fois heureuse, abondante et d'une grande valeur éthique, et une société égalitaire. On serait même tenté de faire remonter la culture nordique du bien-être, un esprit sain dans un corps sain
, et la relation enchantée aux Éléments, à cette lointaine tradition hyperboréenne ![0:3]
Pythagore
Plusieurs faiseurs de prodiges
qualifiés d'hyperboréens
ou d'apolloniens
, à la fois chamans, penseurs et philosophes, sont nommés par les auteurs gréco-latins : Aristée de Proconnèse (-600), Épiménide de Crète (-595), Phérécyde de Syros (-550), Abaris le Scythe (-540) et Pythagore (-500). Phérécyde de Syros et son élève Pythagore développent une doctrine philosophique complexe, probablement influencée par les philosophies et pratiques du monde indo-iranien de l'Antiquité.
Une forme de Yoga est au fondement de la doctrine pythagoricienne, qui promeut aussi un végétarisme strict. Les Pythagoricens devaient suivre une discipline proche de celle d'un ashram yogique : philosophie, lecture, repas en commun, exercice physique. C'est aussi Pythagore qui place les cinq éléments constitutifs de l'Humain, le Feu solaire, l’Eau, l’Air, la Terre et l’Esprit, sur un pentagramme qu'il considère sacré et qui est dédié à Hygée, la déesse de la Santé et de l'Hygiène.
Selon la Tradition Polaire, l'Hyperborée
en tant que terre et peuple organisé connaîtra pourtant une certaine chute. Des périodes glaciations plusieurs millénaires avant notre ère, ont rendu ces terres arctiques inhabitables, ce qui a en bouleversé profondément la géographie. Les multiples vagues de migration vers le sud ont transformé la civilisation et le spiritualité polaire
originelle et l'ont divisé en une myriade de branches.
Chute
Au cours de plusieurs siècles, certains Hyperboréens
ont migré vers la Russie et les steppes de l'Asie centrale, d'autres vers la région baltique, la Lituanie notamment, et l'Europe du Nord. [1:1]Plus tard, de ces régions intermédiaires, de vagues de migrations appelées indo-européennes
partent vers le sud, vers l'Inde depuis les steppes asiatiques ou encore vers la Méditerranée. D'autres groupes repartent encore pour de nouveaux voyages à travers l'Europe et l'Asie.
Certains de ces Indo-Européens établis dans les îles d'Europe du Nord pourraient être ces Atlantes
[1:2] : ceux qui habitent au-delà des Colonnes d'Hercule
selon l'expression des Grecs anciens et le mythe rapporté par Platon dans Le Timée et Le Critias. La Mer, le dieu Poséidon et le Taureau deviennent les nouveaux emblèmes de la spiritualité atlante. Platon décrit l'Atlantide comme une puissante nation maritime autour de l'île capitale Basileia.
Selon le métaphysicien et symboliste René Guénon, l'Atlantide est alors la première grande déviation
de la Tradition primordiale issue du sommet du Monde. L'Atlantide n'est pas un lieu géographique bien défini mais plutôt un ensemble de centres spirituels occidentaux
interconnectés. Ils seront connus bien longtemps après sous le nom d'îles mythiques comme Avalon ou Ogygie dont parle Homère dans L'Odyssée.[1:3]
Le chemin boréal disparaît lentement
Malheureusement, les restes de de cette Atlantide mosaïque devient progressivement déviante, belliqueuse, raconte Platon. Malgré une détermination immense, une force spirituelle héritière de leurs ancêtres polaires, certains de ces Peuples de la Mer
tenteront sans succès des expéditions colonisatrices vers la Grèce et l'Égypte, préfigurant de deux mille ans, les célèbres expéditions vikings. Basileia finira par être engloutie dans les flots du royaume de Poséidon, sans doute dans ce qui est actuellement la Mer du Nord. [1:4]
Depuis le Néolithique
en Europe et ailleurs, à l'image de Stonehenge en Angleterre, de magnifiques monuments de pierres sont érigés comme une porte entre les Mondes. Cette tradition se poursuivra en Suède jusqu'au IXème siècle de notre ère avec le fameux vaisseau de pierre Ale Stenar en Scanie. Ce dernier a été érigé juste avant la période Viking entre 400 et 900 sur un site sacré datant du Néolithique. Ces monuments de pierres parfaitement orientés sont aussi des calendriers astronomiques et des lieux cérémoniels, et peut-être même une mémoire de la très ancienne civilisation polaire.
À l’Âge de Bronze, les cultes du Soleil et de l'Eau dominent en Scandinavie et en Europe du Nord. [1:5] Des échanges commerciaux intenses fondés sur l'airain et l'ambre, pierre de mémoire, de qualité solaire par excellence, s'effectuent alors avec la brillante civilisation minoenne et avec la Grèce mycénienne.[1:6]
Au milieu du second millénaire avant notre ère, l'explosion d'un volcan sous-marin près de Théra en Crète détruit la civilisation de la méditerranée orientale, dont la Crête minoenne. C'est un cataclysme d'ampleur continentale à l'origine de bouleversements dans l'histoire humaine. Il est alors probable que certains minoens aient rejoint leurs anciens frères
, établis notamment sur la côte occidentale de la Suède actuelle, appelée sur les cartes médiévales... Álfheim [1:7], sans doute aussi en référence à une forme de spiritualité solaire.
C'est d'ailleurs sur cette côte suédoise du Bohuslän que se trouvent de très nombreux dessins pétroglyphiques, représentant des navires, des personnages en posture rituelle, souvent avec une lance (associée à la magie) et de nombreux disques solaires, mémoires d'un autre âge de l'humanité. Certains de ces pétroglyphes pourraient d'ailleurs avoir influencé la symbolique de certains dessins runiques.
Le Soleil reste invaincu
Les textes sacrés zoroastriens de l'Avesta mentionnent aussi une origine polaire des anciens iraniens. Le zoroastrisme mithraïque iranien, puis le culte de Mithra dans l’empire romain, pourraient donc être un fil oriental ténu remontant au passé solaire et hyperboréal. L’interprétation des Runes anciennes du Nord en relation avec la symbolique mithraïque comme l'a proposé le philologue suédois Sigurd Agrell dans les années 1920-30 prend alors une autre résonance.
Mithra & Týr
Le mythe fait naître Mithra d’un rocher, et non d’une déesse, avec une dague et une torche [1:8] dans les mains, parfois un éclair. C’est une divinité solaire, céleste. Il est assimilé à Sol Invictus, le Soleil Invaincu
des Latins, la même expression utilisée pour désigner l'Hyperborée polaire originelle.
À l’époque alexandrine (environ 300 av. notre ère), Mithra est celui qui donne la victoire
. C'est aussi le cas du dieu germano-nordique Týr, divinité solaire très ancienne, dont le nom proto-germanique est *Tīwaz, c'est-à-dire dieu
ou seigneur
(au sens spirituel). Týr est mentionné dans la sixième strophe du poème nordique Sigrdrífumál.
Les Runes de Victoire tu dois connaître,
si à la victoire tu dois être conduit,
alors grave les sur le pommeau de l’épée,
certaines sur la garde,
certaines d’entre elles, incruste les,
et par deux fois nomme Týr.
Mithra est directement relié à la divinité indienne Mitrā, protectrice des traités, des serments, de l’amitié et du soleil matinal. On retrouve là d’autres attributs de Týr, divinité des assemblées, des serments et de la droiture morale. Dans le calendrier de l'Avesta des iraniens anciens, Mithra est célébré le seizième jour du mois. La Rune (ᛏ) associée à Týr est précisément la seizième dans le modèle de l'Uthark. [1:9]
En Europe, avec l'avènement du christianisme et des religions du Livre issues d'une autre tradition plus récente, le Monde change plus ou moins rapidement. La lointaine Tradition Polaire des origines devient alors quasi-invisible.
Retour dans le Nord longtemps après les premières migrations des Hyperboréens.
La tradition nordique ne se réduit pas aux dessins gravés dans la pierre ou le bois mais c'est surtout une relation intime avec les Puissances de la Nature. Elle peut se manifester aussi bien par la méditation Útiseta, le chant du Seiðr, ou les incantations Galdrar [2:1], mais surtout par la recherche du bien-être
, par certaines activités physiques comme des postures, des techniques de respiration et aussi la polarité sauna / bain froid. C'est aussi une puissante énergie encore plus ancienne, celle du Soleil Invaincu
des terres mythiques de l'Hyperborée.
Ónd
Les anciens peuples du Nord n’ont pas de dogme écrit sur leur vision du Monde, il s’agit d’une spiritualité à la fois solaire
et nocturne
de la Nature enchantée. La spiritualité nordique s’incarne dans la pierre, dans les arbres et dans les corps animaux et humains. Cette énergie vitale, lumineuse, subtile nommée Ónd
(ou Önd), l'Esprit du Monde, rappelle à la fois les mots sanskrits Ātman et Prāna de la tradition indienne.
Extase apollinienne
Pour décrire le chamanisme hyperboréen des auteurs anciens, le philosophe italien Giorgio Colli parle d'extase apollinienne
, de sortir hors de soi
ou encore de l'âme qui abandonne le corps et, libérée, elle se transporte au dehors.
[2:2]
L'historien grec Hérodote mentionne un prodige dans lequel Aristée, un des chamans hyperboréens, se tranforme en corbeau. Le vol des oiseaux est un des symboles du dieu Apollon et les oiseaux en général sont souvent associés aux dieux et aux héros chez les anciens Scandinaves, y compris jusqu'à la période Viking. [2:3]
Óð
L'extase apollinienne des Hyperboréens, décrite par les auteurs grecs se retrouve dans l'Óð (ou Óðr), l'extase divine des textes scandinaves. Elle représente une forme de frénésie, de transe mais aussi une source d'inspiration poétique et prophétique. Les poèmes nordiques racontent qu'Óð est associé, marié même, à la grande déesse Freyja. Lorsque Óð devait partir pour de longues périodes, Freyja pleurait de larmes d'or rouge. [2:4]. L'or est un autre symbole solaire, apollinien.
Dichotomie du Sacré
Deux principes traditionnels illustrent la nature du chamanisme nordique. Ils forment ce que certains chercheurs nommenr la Dichotomie du Sacré
. [2:5]
Wihaz
Puissance d’Extase devant le Divin, le surnaturel. Elle est reliée à Óð. Le sacré est entièrement séparé du monde ordinaire, profane. Wihaz appartient entièrement au numineux et n’est pas accessible au mental. L’acte magique, communication ou don, sépare une chose du monde profane pour la placer entièrement dans le numineux / divin.Hailagaz
Puissance de Complétude. Le sacré infuse le monde des humains pour leur donner le bien-être et l’invulnérabilité. Hailagaz permet l’union du profane et du sacré, elle emplit une chose ou un être avec le sacré pour son bénéfice. Hailagaz se manifeste par le soin chamanique de guérison, par l’invocation des esprits, par la lecture des augures.
Les deux parties du sacré sont intimement liées puisque l’esprit du chaman doit d’abord se placer dans le numineux (Wihaz), par une transe, un sacrifice, une méditation appropriée, etc. Wihaz ne peut se produire que si le mental est silencieux. Un pont, un canal relie alors le numineux / divin vers le profane. L’action du chaman peut alors descendre vers le monde ordinaire (Hailagaz).
L’utilisation de ces deux principes est illustrée par le chaman qui entre en transe pour aller chercher des informations, une aide dans un autre monde, puis revient dans le monde profane pour effectuer une action de soin. Les opérations runiques ne sont pas différentes. L'environement, l'état émotionnel jouent un rôle crucial dans les opérations chamaniques.
Cette transe chamanique est un état de conscience extatique
qui change la perception du Monde. Il est équivalent à un état de méditation profonde induisant une conscience non-duale, où, entre autres, la séparation entre l'intérieur et l'extérieur n'existent plus. [2:6]
Óðr & Ullr
Óðinn ou Odin est peut-être le dieu nordique le plus connu. C'est la divinité majeure des Ases, un groupe mythologique venant d'Asie, probablement lors de migrations secondaires indo-européennes à l'Âge de Bronze. Il existe cependant une autre divinité majeure appelée Ullr dont le nom proto-germanique est *Wulþuz, signifiant gloire
. Chez les anciens Scandinaves, il est considéré comme le deuxième dieu après Óðinn et même la première divinité en hiver lorsqu'Óðinn est absent. Ullr est la déité de l'hiver et Óðinn celle de l'été.
Óðinn, le Père-Chaman
Óðinn est une figure chamanique complexe qui évolue au cours du temps [2:7]. Il voyage dans les mondes des esprits, il est associé à la Poésie, la Sagesse, la Magie et l’Au-delà. La racine (W)óð- est aussi celle de Óð, l'extase divine qui permet de communiquer avec le monde des esprits.
Óðinn porte une lance, symbole magique, qui matérialise la Hamingja, l'esprit protecteur d'un groupe ou d'une personne. Chez les anciens Nordiques, la magie est associée à l'élément liquide, l'eau, le sang, la boisson... et Óðinn est par excellence la divinité de la magie. Lors de la christianisation de la Norvège, il sera assimilé à l'Archange Saint-Michel, les deux figures portant une lance et pourfendant les créatures monstrueuses.
Le Troisième Œil
Óðinn sacrifie un œil à la source primordiale de Mímir pour obtenir plus de Sagesse. [2:8] Dans ses voyages, il est accompagné de ses deux corbeaux : Minni, la mémoire ancestrale et Hug, l’intellect, la raison. Les récits nous disent aussi que la Grande Déesse des anciens Vanes, Freyja, initie Óðinn à l’art secret du Seiðr. Celui-ci ne se transmet normalement qu’en suivant une lignée féminine de vólva (singulier vólvr), les femmes chamanes du Nord recevant les oracles. L'équivalence linguistique, symbolique, mythologique entre Óð le compagnon de Freyja et la figure d'Óðinn apparaît clairement.
Par de nombreux aspects Óðinn le Père-Chaman du Nord rappelle la divinité grecque archaïque Dionysos : l’extase, l’union des opposés (poésie-violence), le taureau / bovidé sacré [2:9], le culte à mystères avec le Seiðr, les Runes et les Bersekir, etc. Or, des parallèles analogues se retrouvent aussi entre Dionysos et la divinité majeure hindoue Śiva [2:10], divinité bienveillante du Yoga et de la Sagesse, mais aussi de la Mort, de la Destruction. Des attributs qui sont aussi ceux de Óðinn...
Les Runes apparaissent d'ailleurs au Père-Chaman après s'être pendu volontairement à Yggdrasill l'Arbre du Monde, une épreuve qui ressemble aux tapas
des shivaïtes indiens... (voir Danse des Runes). Enfin, l'œil d'Óðinn, devenu unique, rappelle évidemment le Troisième Œil de Śiva, placé au niveau du sixième chakra, Ajna.

Ullr, divinité de la Gloire
Moins connu qu'Óðinn, Ullr est associé à l'hiver dans les derniers siècles du paganisme germano-nordique. Pourtant c'est apparemment une divinité de grande importance, mentionnée par seulement les deux plus anciens poèmes de l'Edda (le Grimnismál et l'Atlakviða). Dans un poème, Ullr est invoqué lors d'un serment prêté sur un anneau. C'est aussi une divinité des arcs et des flèches comme le mentionne le poème du Grimnismál. Les arcs et les flèches (d'or) sont aussi les attributs majeurs d'Apollon.
En Suède et en Norvège, plusieurs lieux sont nommés d'après Ullr (dont Ullevi le stade de Göteborg!). Certains chercheurs pensent que Ullr (ou parfois Ullin) pourrait être l'équivalent du dieu Týr présent au Danemark mais où il n'existe aucun lieu nommé d'après Ullr. À la fois Ullr et Týr sont des divinités solaires anciennes, importantes, associés au serment, à l'organisation sociale.
Une autre polarité
Pour le linguiste Jan de Vries Ullr représente l'opposé
de Óðr (Odin). Un constraste que l'on retrouve aussi en Inde védique avec la paire d'opposés Vāruna et Mitrā. Apollon, Ullr/Týr et Mitrā/Mithra représentent différents aspects de la même énergie hyperboréenne, solaire. En miroir, les opposés complémentaires sont Dionysos, Óðr et Vāruna. Cette symbolique complémentaire est associée à l'élément liquide, à une certaine obscurité, à une énergie primale, chaotique, précédant un retour à un ordre plus solaire.
du chamanisme indo-européen
Solaire Organisation |
Elément liquide Énergie primale |
|
GRÈCE ANTIQUE | Apollon | Dionysos |
INDE | Mitrā / Mithra Śiva |
Vāruna Rudra |
NORD ANCIEN | Ullr / Týr | Óðr |
Ces énergies complémentaires traduisent ce qu'est l'âme hyperboréenne. Lorsque les qualités solaires, d'organisation, de bien-être, parviennent à transmuter les puissantes énergies primales, chaotiques, la magie
de l'Hyperborée originelle opère et ouvre l'accès à un sommet de la civilisation humaine. Et c'est ce que les Indo-Européens ont accompli... la plupart du temps.
Lorsque les conditions changent brusquement, le climat par exemple, provoquant misères et migrations, l'âme hyperboréenne se ressource dans une magie nocturne de l'énergie primale, dans le triomphe de la volonté
, qui parfois dévie brutalement, et peut devenir le soleil noir
de la prédation, avant de retourner à des énergies plus stables et lumineuses. C'est ce que les anciens grecs racontent à propos des Atlantes et des expéditions des Peuples de la Mer
, c'est le cas de certains conquérants de l'Inde pré-védique, c'est le cas du phénomène Viking avant leur assimilation réussie. Et c'est le cas de la tragédie paroxystique européenne des années 1930-40...
Au niveau individuel, l'union de ces énergies est précisément ce que les disciplines orientales du corps-esprit comme le Tantra, le Yoga, la doctrine jaïna, le zoroastrisme, ou même certains arts martiaux, ont cherché à obtenir afin que le niveau social en bénéficie. À son tour, une telle société éclairée par des Maîtres du Gué
favorise l'épanouissement individuel, dans un cercle vertueux ascendant jusqu'au Soleil des Hyperboréens...
La vision indienne de l'évolution du Monde rejoint encore une fois la vision nordique. [3:1] Une spirale cosmique entraîne l’humanité dans une chute progressive depuis le sommet du Monde
jusqu’à sa destruction dans un chaos
, le Ragnarók, le Crépuscule des Dieux des anciens Scandinaves. Le Monde se régénère ensuite et entame un nouveau cycle cosmique. À l’image de la déité primordiale triple des hindous, Brahmā, Vishnu et Śiva, cette évolution se produit sur plusieurs niveaux de réalité interconnectés : spirituel, historique et même personnel.
Le Dharma, le Devoir
, le rapport éthique au Monde, est au centre dans l’hindouisme. Il est symbolisé par le Dieu-Taureau, peut-être une référence à une spiritualité antérieure aux migrations indo-européennes. Les quatre jambes du Dieu-Taureau symbolisent les quatre piliers du Dharma, symbole d’un rapport au Monde harmonieux, sur tous les niveaux de réalité.
Le Taureau du Dharma
Le cycle cosmique des Indiens traverse quatre Grands Âges : Satya-Yuga (Âge de la Perfection), Tetrā-Yuga, Dvāpara-Yuga et Kali-Yuga (Âge du démon Kali). Les Quatre Âges de l'Humanité sont décrits dans le Mahābhārata, un poème de deux cent mille vers, dans lequel Hanumān le Dieu-Singe Hanuman répond à son demi-frère le géant Bhima. [3:2]
Chacun des Âges symbolise la dégradation du Dharma depuis la dernière création. Le rapport au Monde devient de plus en plus dissocié, égotique, et de moins en moins moral. Pendant le Satya Yuga, le Dieu-Taureau du Dharma se tient sur les quatre jambes. À chaque changement d’âge, il perd une jambe ne se tient que sur une jambe au Kali-Yuga. À la fin du Kali-Yuga, le Dieu-Taureau n’a même plus de jambes. Śiva détruit alors le Monde dans un retour au chaos primordial afin que Brahmā puisse recommencer un nouveau cycle cosmique.
Satya-Yuga
Le Premier Âge, Satya-Yuga, l’Âge d’Or
est celui gouverné par les Dieux et la pureté morale, où Connaissance et Méditation sont particulièrement recherchées. Les quatre piliers-principes du Dharma sont satisfaits : simplicité, propreté, véracité, compassion. Le Dieu-Taureau se tient sur les quatre jambes. On dit qu’au début du Satya-Yuga les humains pouvaient vivre cent mille ans et dix mille ans à la fin de l’Âge d’Or.
Âge d'Or
La mémoire d’un Âge d’Or
se trouve aussi dans la mythologie grecque. L'historien antique Hésiode raconte que les hommes vivaient alors comme les dieux sous la domination de Kronos; ils n'ont jamais souffert des maux de la vieillesse, ni perdu leur force; ils se régalaient continuellement et jouissait de la paix et de la sécurité. Le monde entier prospérait. Lorsque cette race est décédée, ils sont devenus des esprits bienfaisants qui veillaient sur l'humanité et distribuaient la richesse.
Tetrâ-Yuga
Le Deuxième Âge est appelé celui des Triades
ou Trinités
. Il repose sur une forme de prédation sous forme de rites sacrificiels, et d’une organisation hiérarchique. Hanumān le Dieu-Singe poursuit sa narration.
La recherche de la vérité signifie que la vérité d’origine a été perdue. Dans cet état de conscience, les humains ont besoins de symboles, de cérémonies pour obtenir la complétude au lieu de l’exercice de la seule Volonté comme à l’Âge précédent du Satya-Yuga. Le Tretā-Yuga correspond à l’apparition des religions et des sociétés organisées et non plus une spiritualité auto-organisatrice. Simultanément, une connaissance technique de la Nature apparaît sous la forme d’agriculture et de métallurgie.
Âge d'Argent
Parallèlement, Hésiode raconte que pendant l’Âge d’Argent, l'humanité était devenue inférieure. Les enfants étaient élevés pendant un siècle par leur mère et mourraient peu de temps après être devenus adultes à cause leurs luttes incessantes. La dévotion et la ferveur spirituelle devenaient de plus en plus négligée, puis Zeus, fils de Kronos, détruisit l’humanité d’Argent. Les anciens humains d'Argent sont devenus les esprits bénis
de l'Autre-Monde.
Dvâpara-Yuga
Le Troisième Âge est celui de la Dualité
, du nombre Deux, car le Taureau du Dharma se tient sur deux jambes. Dvāpara-Yuga est une ère de déclin moral ou les piliers du Dharma ne sont plus que deux : compassion et véracité. Le Dieu-Singe Hanumān continue le récit.
Selon la tradition indienne c’est aussi l’âge de l’incarnation de deux Avatars bien connus de Vishnu : Krishna le Guerrier sans merci et Bouddha le Sage. Le bouddhisme serait donc une émanation du Troisième Âge de l'Humanité.
Âge d'Airain
Selon l'Hésiode, les hommes de l'Âge d'Airain (ou de Bronze) ont été créés par Zeus à partir du bois de frêne. Ils étaient durs et résistants car le combat était leur but et leur passion. Ils portaient une armure d'airain et leurs outils étaient en bronze. Les hommes de cet âge se sont détruits par leur propre violence n'ont laissé pas de trace spirituelle et habitent dans la maison sombre d'Hadès
. Cet âge a pris fin avec le déluge de Deucalion, fils de Prométhée.
Kali-Yuga
L'Âge du démon Kali [3:3] est un âge d'instabilité en toute chose, et d'inversion des valeurs morales. Le Dieu-Singe termine alors sa narration.
Selon l’astronome et mathématicien indien Āryabhata (Vème siècle), l’Âge sombre de Kali aurait commencé le 17 février 3102 avant notre ère. Or, sur un des sceaux trouvés à Mohenjo-Daro dans la vallée de l'Indus se trouve un alignement de planètes. L’historien contemporain indien K.D. Abhyankar a calculé qu’un alignement exceptionnel de planètes s’est bien produit en -3104 qui serait la date du début du Kali-Yuga. Et c'est aussi l'époque supposée des migrations vers le sud des Hyperboréens selon la Tradition Polaire.
Âge de Fer
Pour Hésiode, la Grèce Antique dont il est contemporain vit dans l'Âge de Fer. Il raconte qu'à cet âge, les humains vivent une existence de labeur et de misère. Les enfants déshonorent leurs parents, le frère se bat avec le frère. Seule la force permet au droit d'exister. Les hommes malfaisants utilisent les mensonges pour se faire passer pour bons. À l'apogée de cet âge, les humains ne ressentiront ni honte, ni indignation face à des actes répréhensibles. Les enfans naîtront avec des cheveux gris. Les dieux auront complètement abandonné l'humanité : Il n'y aura aucune aide contre le mal.
La Prophétie de Mârkandeya
L’immense sage Mārkandeya, qui a traversé les Âges, et qui connaît pleinement le passé, le présent et le futur, est une figure importante de la tradition hindoue. Dans les écrits du Bāghavata Purāna composés entre le IXème et Xème siècle, Mārkandeya fait une description prophétique du Kali-Yuga. (Chant II, chapitre 7).
Le climat et l'environnement se dégraderont avec le temps et des pluies fréquentes et imprévisibles se produiront. Les tremblements de terre seront courants. De nombreuses maladies se propageront.
Les dirigeants perdront la raison et prélèveront des impôts injustement.
Les dirigeants ne verront plus comme leur devoir de promouvoir la spiritualité ou de protéger leurs sujets : ils deviendront un danger pour le monde. Les peuples puissants domineront les pauvres.
L'avarice et la colère seront courantes. Les humains afficheront ouvertement de l'animosité l'un envers l'autre.
La religion, la véracité, la propreté, la tolérance, la miséricorde, la force physique et la mémoire diminuent chaque jour qui passe.
Les enseignants ne seront plus respectés et leurs élèves tenteront de les blesser. Leurs enseignements seront insultés.
Tous les êtres humains se déclareront comme des dieux ou des bienfaits donnés par les dieux et en feront un commerce plutôt que des enseignements.
De nombreuses fausses idéologies se répandront à travers le monde.
L'âge maximum des humains sera de 50 ans à la fin du Kali-Yuga.
Mārkandeya sera le dernier survivant humain et il assistera à la destruction du Monde par Śiva. Le récit prend alors une nature très chamananique. À la fin du Monde alors que tous les dieux et les démons ont été détruits, il fait une expérience de fusion avec le Cosmos, où il est avalé par un enfant, qui est l’Éternel manifesté. Une fois dans l’estomac, Mārkandeya voit la terre entière avec ses tous êtres vivants, ses villes et ses royaumes. Il est terrifié et est éjecté du corps de l’enfant. Il se retrouve à nouveau dans les ténèbres entourés d’eaux sombres. Un nouveau monde recommencera alors.
En Inde, le jaïnisme, l’hindouisme, certains tantras et le Yoga pourraient bien dériver de la mythique Tradition Polaire à travers la médiation de la philosophie védique. Du moins, celle-ci est le fruit d’un mélange progressif entre des traditions locales et des énergies venues du Nord. C'est ce qu'on pourrait nommer la Tradition de la Svastika
, symbole solaire de l'énergie cosmique bienfaisante, si prégnante dans les spiritualités indo-iraniennes. En Scandinavie ancienne, avec le triskèle (ou la triquetra), la Svastika et souvent associée aux dessins runiques. (Voir aussi la page Accueil des Runes.)
Les Maîtres du Gué
Le Jaïnisme est particulièrement intéressant car son origine précise est inconnue, il date au moins du premier millénaire avant notre ère et a influencé l'hindouisme et le bouddhisme. Selon le tradition jaïna, la Connaissance
aurait été transmise par vingt-quatre Maîtres du Gué
(Tirthankara) dont la plupart appartiennent justement au passé lointain.
Mahâvîra
Mahāvīra le 24ème et dernier Maître du Gué, est le sage qui a porté le jaïnisme en Inde au VIème siècle avant notre ère. Mahāvīra est une figure solaire, nommé, comme Mithra, le Porteur de Torche
. Les plus anciennes postures yogiques d'assise comme Mūlābāndhāsana et Padmāsana pourraient avoir un lien avec l’origine du jaïnisme en Inde. [4:1]
La philosophie jaïna est complexe, surprenante par sa précision et ne correspond en rien à une mythologie primitive, et c'est ce qu'avait remarqué Hermann Jacobi, l'indologue avocat de la Tradition Polaire. Māhātma Gandhi et Bāl Gāngadhar Tilak sont d'ailleurs connus pour leur proximité philosophique avec le jaïnisme. La doctrine jaïna pourrait être une voie qui nous rapproche de l'Hyperborée originelle, celle de la Terre des Bienheureux décrite par les Anciens Grecs.
Cosmologie jaïna
Pour les jaïns, l’Univers existe de toute éternité, sans début ni fin, il est auto-suffisant, auto-organisé dans une évolution dynamique permanente. Le Cosmos est divisé en trois domaines, ou Loka. Le sommet du Cosmos est le royaume des âmes libérées, le domaine des Siddhas, ceux qui sont parfaits. Le domaine supérieur est celui des dieux et des âmes non-libérées. Le domaine intermédiaire, terrestre, est celui des humains, des animaux, des insectes, des plantes et de certaines divinités. Sous le domaine intermédiaire, sont enfouis les sept domaines infernaux
ou Naraka (souffrance). Le cosmos jaïna et ses domaines rappellent directement Yggdrasill l'Arbre-Cosmos et les Neuf Mondes de la mythologie nordique classique.
Ahimsâ : non-violence
L'ahimsā, la non-violence, la bienveillance envers les êtres vivants, est très développée chez les jaïns. C’est d’ailleurs l’ahimsā des jaïns qui aurait influencé l'hindouisme et le bouddhisme. Le végétarisme est au centre de la pratique de l’ahimsā et il fait aussi partie de l'ascèse des chamans hyperboréens
comme Pythagore.
L’ahimsā s’applique avant tout à l’intention beaucoup plus qu’à l’action elle-même.
Dans certains cas, la non-violence n’empêche pas l’auto-défense individuelle ou collective. Les jaïns et les hindous s'accordent pour dire que la violence en légitime défense peut être justifiée, et ils conviennent qu'un guerrier qui tue des agresseurs au combat accomplit un devoir légitime. Les communautés jaïnas ont accepté l'utilisation de la puissance militaire pour leur défense, il y eu des jaïns qui étaient monarques, commandants militaires et soldats.
Ce principe de non-violence mais de légitime défense se retrouve aussi dans les récits grecs sur l'Hyperborée mythique, profondément pacifique, mais qui s'est défendu contre des voisins un peu trop belliqueux. [4:2]
Bhārata Chakravartin
Selon les historiens indiens, ce serait le roi et conquérant [4:3] légendaire Bhārata Chakravartin (celui qui possède les Chakras), qui aurait inventé le système des castes afin de satisfaire au principe d’ahimsā de non-violence et pour éviter l'esclavage si répandu depuis l'Antiquité. Les brahmanes du roi Chakravartin forment la caste supérieure, il sont justement les plus avancés dans la Connaissance et dans la pratique d'ahimsā, y compris la non-violence sociale.
La légende raconte que Bhārata devient à vingt ans un moine jaïn après avoir découvert un cheveu blanc dans sa chevelure lui annonçant un grand âge à venir. Selon les textes jaïns, Marichi, fils de Bhārata, se réincarnera en Mahāvīra !
Māhātma Gandhi
Sans être un moine, le Māhātma Gandhi était très proche des jaïns. Il rappelle le principe de l'ahimsā dans un célèbre discours de 1945 : Entre violence et fuite lâche, je ne peux que préférer la violence à la lâcheté. Je ne peux pas plus prêcher la non-violence à un lâche que je peux tenter de faire profiter à un aveugle de scènes admirables. La non-violence est le summum de la bravoure.
On retrouve l’éthique sociale jaïna dans un autre discours de Gandhi sur la démocratie [4:4] : Je ne crois pas à la doctrine du plus grand bien par la loi du plus grand nombre. Ce qui en réalité signifie que pour atteindre le bien supposé de 51 pour cent, l’intérêt de 49 pour cent peut être, ou plutôt, doit être sacrifié. C'est une doctrine sans cœur et qui a fait du tort à l'humanité. La seule vraie, digne, doctrine humaine est celle du plus grand bien de tous, et cela ne peut être réalisé que par le plus grand sacrifice de soi.
Couleurs polaires
Dans les récits mythologiques, l’île sacrée est associée au blanc, au vert et au rouge. Le blanc est la couleur de l’Âge d’Or ; le vert, celui de l’abondance de la Vie, de la richesse ; le rouge est la couleur solaire, c’est aussi celle du sang, le fluide vital.
Trois couleurs polaires
pour créer l'ambiance parfaite d'un espace sacré de Yoga.
En Inde, une bien curieuse « île blanche » nommée Śvēta-dvīpa est située dans les anciennes régions du Nord lointain. Elle est connue comme une demeure du dieu à la conque, Vishnu, dans laquelle se trouve une grande assemblée. Dans le poème du Mahābhārata, les habitants de l’île sont décrits comme des êtres surnaturels.
La montagne blanche sacrée, illuminée par le Soleil au sommet, située hors du monde ordinaire, est appelée par les hindous le Mont Meru ou la Demeure des Dieux
. Le nom hellénisé du Mont Meru est Méros, il a été situé dans l’actuel Pakistan, là où la métallurgie semble être la plus ancienne au monde. Et selon la tradition grecque, le mont Méros est aussi le lieu de naissance de Dionysos, divinité ancienne et mystérieuse de l’extase.
Les Yogis portent traditionnellement des vêtements de couleur solaire, orange safran ou rouge-orangé. C'est la couleur d'Agni, la divinité du Feu. Rouge-orangé est aussi la couleur du sacrifice, et on dit qu'elle remplit l'aura d'énergie. C'est aussi la couleur des deux chakras racine (Mūlādhārā) et sacré (Svādhishthāna) qui relient à la fois à la Terre et à l'énergie primale intérieure, la Kundalinī.
Dans la tradition nordique, la couleur solaire, rouge orangée, est celle de la mystérieuse megin
, la puissance du sacré. Comme les gravures rupestres de l’âge du bronze, les inscriptions runiques sont le plus souvent écrites avec un sang
minéral fait de pigments minéraux naturels comme l’hématite, l’ocre, l’oxyde de plomb ou le vermillon, afin de les charger magiquement.
En Yoga, le vert est la couleur de Anāhata, le chakra du cœur. Il est associé au son du royaume céleste, à l'équilibre, la sérénité. C'est aussi le symbole de l'union harmonieuse des opposés. Dans l'hindouisme, le vert est porté dans la recherche de la lumière et la vérité. Vishnu est souvent représenté avec un visage de couleur verte.
Le couleur verte est aussi celle du règne végétal, de la fertilité, de l'abondance. Le graal est de couleur vert d'émeraude.